Peste magique

Elenos se promenait dans la forêt, seule. La chouette était partie en reconnaissance et Doz poursuivait Flanbürgh pour qu’il lui serve de petit déjeuner. L’air était frais et humide. Les arbres étaient remplis de gouttes dues à la pluie de la nuit précédente. Le sol en mousse était agréable au toucher. Les fleurs et les buissons de fruits défilaient devant les yeux de Elenos. La forêt était si dense qu’il était presque inconcevable de voir le ciel.
Elenos continuait toujours sa marche, s’approchants de quelques fleurs pour les sentir, et éviter des nuées de frelons particulièrement gros et furieux pour qu’elle ait regardé leur propriété. La magicienne passa également devant des grottes, d’où elle voyait de l’extérieur quelques cristaux qui brillaient.
Elle passa devant quelques animaux vraiment mignons, avec des touffes de laine partout, des yeux noirs et brillant et une fourrure douce.
En passant devant une fleur vraiment aussi grosse qu’un buisson, Elenos eut un haut le corps. Elle s’assit sur les racines d’un arbre, et attendit que ça passe. Mais au contraire, ça s’empirait.

(Il faut que je rejoigne les autres), pensa-t-elle.

Elle essaya de se lever, mais n’y parvint pas. A présent, elle avait chaud. Elle avait les paupières lourdes. Elle tomba allongée sur le sol et sombra dans les profondeurs de l’oubli.

Lorsque Elenos se réveilla, ses membres étaient engourdis et elle était encore dans les vapes. Elle avait un affreux mal de tête et avait peine à ouvrir les yeux. Elle sentait une présence à côté d’elle. Elle ouvrit les yeux, pour voir qui l’avait secourut, mais n’y parvint pas. Non, ouvrir les yeux était facile, mais elle ne voyait rien. C’était le vide, noir.
Elle remarqua également une qu’elle était dans un lit, ce qui était étonnant, car elle ne se souvenait pas d’un village dans les recoins de cette forêt. Excepté un, le plus roche, qui se trouvait à deux heures de route à cheval, en partant de l’entrée. Mais, personne n’aurait eu le temps de l’y amener, même à cheval, où à dos de chèvre, coutume de chez les lutins.
Soudain, quelque chose lui pesa lourd sur le ventre. Croyant que c’était Flanbürgh (il sautait souvent sur son ventre quand il s’ennuyait, car il trouve que ça fait effet trampoline) elle se leva d’un bond. Par un pur miracle, elle ne sentait plus ses blessures et parvint à ouvrit les yeux.
Elle était dans une petite salle. De grandes étagères remplies de livres étaient placées à gauche, et un bureau de forte taille avec pleins de paperasses et quelques fioles en verre y étaient déposées. Autrement, il n’y avait qu’un lit, celui avait dormit, et une petite table de cheveu à laquelle était posée une bougie dont la même fumait encore. Dans cette pièce, Elenos était seule. Excepté le chat peut-être. Le chat qui avait sauté sur le ventre d’Elenos la regarda avec appréhension, dut au fait qu’elle l’avait éjecté.
La porte s’ouvrit. Elenos regarda et vit apparaître une femme, une très belle femme, qui avait de longs cheveux bruns, des yeux noisettes et une peau cuivrée. Elenos s’apprêta à lui parler, lorsqu’elle interrompit son geste, sa mâchoire encore pendante. Ce qu’elle avait vu n’était que la partie supérieure de la femme. Elle n’avait pas tout de suite remarqué qu’elle avait sa partie inférieure un corps de cheval. Son pelage était couleur sable et sa queue brune. Elle avait également des sabots, noirs.
Elenos n’en revenait pas. Elle allait presque crier quand Flanbürgh lui fonça dessus à toute allure, se tamponnant contre son ventre, coupant le souffle d’Elenos.

- Eh bé ! T’aurait pu nous prévenir que tu allais mal !

« Hein ? » demanda Elenos.

Elle ne comprenait pas, normalement, ils n’était pas censé savoir.

- La femme-poney nous a tout expliqué ! Annonça Flanbürgh, tout joyeux.

La « femme-poney » retourna à ses occupations, ignorant la remarque du lutin. Elenos quand à elle, avait le cerveau en ébullition. Elle venait de comprendre. Cette partie de cheval, et cette moitié humaine, il n’y avait pas de doute :

« Vous êtes un centaure ! » dit elle.

- Oui, répondit Cassandra, sans se détourner de ses occupations, qui étaient pour l’instant de ranger diverses herbes et décoctions bazardées sur la table.

Elle regrettait un peu d’avoir sauver cette elfe, au moins pour la drôle de manière dont les avaient accueillis ses « compagnons ».
Elle avait entendu le flot le plus original et le plus injurieux d’expressions et de métaphores jamais employés dans la bouche d’une personne, surtout si petit. Puis cette drôle de panthère avait sauté sur elle. Elle avait dut esquiver au dernier moment un mortel coup de griffes, et convaincre le plus clairement possible le prédateur qu’elle ne lui voulait aucun mal. Quelle surprise quand elle avait entendu la panthère parler …
Cassandra poussa un soupir et sortit d’autres herbes de sa besace. Elle les mélangea aux autres, les écrasa, pour obtenir un liquide doré, qu’elle recueillit à l’aide d’un petit bol en terre cuite lui aussi sortit de son sac.

- Il vaut mieux que tu prennes cette potion pour éviter que ta fièvre remonte, expliqua t’elle à son invitée.

N’attendant aucune réponse de sa part, elle se dirigea vers le lit en trottant, le bol entre les mains. Son regard croisa celui du minuscule être.

- Traite moi encore une seule fois de poney, et c’est toi qui va servir de remède, lui grogna t’elle.

Elle n’attendit même pas sa réponse, qui allait très sûrement se matérialiser sous forme d’injures et se tourna vers son invitée, à qui elle donna le bol.

- Tu es un elfe non ? Finit-elle par lui demander.

"Oui, c'est exact", répondit-elle.

- Et moi ? Et moi ! Tu veux pas savoir qui je suis ? Demanda le lutin.

- Non, ce n'est absolument pas nécessaire, répondit le centaure.

Elenos prit une grande inspiration et bu la potion, s'attendant à un liquide particulièrement amer et avec un arrière goût bizarre, mais au contraire, à son plus grand étonnement, il avait une délicieuse odeur et un très bon goût. Il lui rappelait le goût des cookies.
Elenos lança au centaure :

« Vous êtes guérisseuse ? Il est très bon votre remède ».

Elle approuva d’un signe de tête, signifiant qu’elle avait entendu, et ajouta :

- Tu devrais rester allongée encore un peu, juste au cas où…

« Oui, bien sur… mais, pourquoi m’avez-vous sauvée ?

- Parce que c’est mon devoir, répondit-elle simplement.
J’ai juré de sauver les gens dans le besoin. Comme on l’a fait avec moi il y a longtemps. Les guérisseurs chez les centaures sont rares, crois moi. C’est un peuple brutal, et sans pitié, surtout sous l’emprise du vin et de l’alcool.
Mais je dois t’avouer que je ne t’aurais pas sauvé si tu avais été une humaine. Mon peuple les déteste. Et dans le fond, même si j’ai été élevé loin de mes semblables violents et immoraux, je les hais aussi. Mais franchement, je n’y peux rien … C’est dans mon sang. Mais je dois te dire quelque chose d’important sur cet endroit et …

A ce moment précis, quelqu’un tambourina violemment à la porte. Elenos sursauta, mais Cassandra alla ouvrir, impassible.
Une vieille femme toute ridée apparut sur le seuil. La chose la plus flagrante chez cette vieille femme était ses énormes sourcils couleur neige, aussi évoluées que ceux d’un hibou centenaire .Cassandra se pinça les lèvres, comme à chaque fois, mais ne fit aucun commentaire.

- Alors ? dit la vieille.

- Alors quoi ? osa répliquer Cassandra.

- Avez vous trouvé ce que vous cherchiez dans la forêt ? demanda la vieille, ignorant le ton sec de son interlocutrice.

- Non. Mais ce n’est qu’une question de temps.

- Hummm, je vois. Vous avez intérêt à vous dépêcher, jeune fille, répondit ‘elle d’un air féroce. Sinon, notre marché ne tiendra plus. Es ce bien clair ?

- …

- Mais, qui est cette jeune personne ? murmura t’elle soudain, un ton complètement différent .Je ne me souviens pas de l’avoir déjà vue dans notre village …

Elle venait tout juste de remarquer Elenos, couchée dans le lit. Il fallait dire aussi que la forte carrure du centaure empêchait de voir bien loin.

- Je l’ai trouvée dans la forêt, intervient Cassandra. Elle était évanouie. Je lai soignée depuis, et elle va beaucoup mieux. Mais elle doit encore un peu garder le lit, par simple précaution.

- Et bien dés qu’elle ira mieux, qu’elle s’en aille ! Je n’ai que faire des voyageurs et des va-nu-pieds ! Nous avons assez de problèmes comme ça, pas la peine de nous rajouter à notre malheur des manants.

Et sur ce, elle se détourna, après avoir lancer un dernier regard lourd de sens a Cassandra, et un regard hautain et venimeux à la pauvre Elenos ; et claqua la porte.
Cassandre attendit que la centenaire soit assez éloignée de la cabane pour pousser un juron sonore.

Elenos sortait discrètement par la fenêtre d’a côté de son lit. Elle avait tout d’abord élaboré un plan machiavélique : elle avait cassé une fiole de verre vide sur le bureau de la dénommée Cassandra et pendant que celle-ci ramassait car elle ne laissait jamais les blessés en convalescence trop bouger, Elenos s’était enfuie, après avoir soigneusement pris le soin d’élaborer une bosse en plein milieu de son lit avec des oreillers couverts par un grand drap blanc.
Il faisait frais, c’était le matin. La vieille femme était partie depuis belle lurette, mais par précaution, Elenos s’était camouflée le visage avec une grosse écharpe. Personne ne pourrait la reconnaître, mais elle attirait toutefois l’attention avec son allure excentrique. Mais quand même, on aurait pu aussi la prendre pour une habitante du village. Elenos était persuadée que Cassandra allait remarquer sa disparition d’ici peu si ce n’était pas déjà le cas.
Elenos marchait sur l’allée principale, car si elle avait pris les petites ruelles, les autres habitants auraient pu croire qu’elle faisait quelque chose de louche. Flanbürgh sur son épaule, elle faisait attention à ne bousculer personne, ce qui était extrêmement difficile vu qu’elle ne parvenait à voir qu’a un mètre à cause de son écharpe. Le lutin, lui, s’amusait à donner les instructions :

- A gauche Elenos, à gauche, t’es sourde ? Attention, mémé droit devant ! Va à droite maintenant !

En suivant cette dernière instruction, Elenos fonça dans quelqu’un. Elle s’excusa brièvement avant de reprendre sa route.

- Tu sais que tu viens de t’excuser auprès d’un arbre ?

Elenos enleva son écharpe dans un geste brusque pour voir où elle allait et tenta d’attraper Flanbürgh qui fuyait dans toute cette foule. Il était si petit qu’il était difficile de le repérer, mais ses habits verts facilitaient quand même la tâche, sauf si il se trouvait dans un buisson. Elenos passa deux fois devant la même maison. Elle était facile à reconnaître, elle était vieille, délabrée et le lierre avait envahi les lieux. Elenos ne pouvait demander l’aide de la panthère ou de la chouette, car elles étaient toutes les deux restées chez le centaure.

(Mince, je suis perdue…, songea la magicienne, en plus, je n’arrête pas de tourner en rond ! C’est la troisième fois que je passe devant cet arbre !)

Elle répéta ce dernier mot à voix haute et s’en approcha. Il était grand, bien touffu et ses feuilles étaient vert pomme, ce qui était très rare, la couleur des habits de Flanbürgh. En plus, il était vraiment trop grand. Les autres arbres ne dépassaient qu’a l’occasion les deux mètres, mais celui-ci en faisait au moins cinq. Il était assez grand pour qu’Elenos ne puisse pas l’escalader, étant donné qu’aune branche basse ne s’y trouvait, et le tronc était beaucoup trop lisse.
Le plus étonnant était qu’aucune autre personne ne semblait remarquer cet arbre aux proportions exagérées. Elenos hurla un bon coup, pour être sure que Flanbürgh, perché au sommet de l’arbre puisse l’entendre :

« Viens là espèce de parasite, où je donne le feu vert à Doz pour qu’elle te mange ! »

- Elle fait pas un régime végétarien ? fit la voix de Flanbürgh, faible par le vent qui régnait, mais reconnaissable.

Mais, apparemment, il disait plus ces mots pour se rassurer, plutôt que faire taire Elenos, car il descendit, juste quelques secondes après avoir fini sa phrase. Elenos s’était décalée, exprès pour qu’il tombe sur le sol dur. Flanbürgh remarqua :

- T’était pas obligée de te décaler, le sol est dur je te signale !

Puis, il se replaça sur son épaule. Les gens n’avaient pas remarqué le petit chahut qui avait eu lieu, ce qui était plutôt un point positif. Elenos s’assura que l’arbre eut bien récupéré sa taille avant de dire :

« Je savais pas que tu faisait de la magie… »

- De quoi tu parles ? demanda le lutin, surpris.

« L’arbre, tu t’es servit d’un sort de camouflage non ? » demanda Elenos, qui devenait de moins en moins sure de son jugement.

Flanbürgh eut une réponse négative de la tête et entonna son long récit sur la magie et les lutins, qui durait, tout au moins, trois heures et quelques. Elenos ne chercha pas à le faire taire, mais elle se demandait qui pouvait bien l’avoir pseudo empêchée de retrouver Flanbürgh. Alors qu’elle se posait inlassablement cette question et que Flanbürgh continuait de parler tout seul, une voix de vieille femme se fit entendre :

- Vous étiez chez le centaure non ? Que faites vous ici ?

Elenos se retourna et Flanbürgh se tut. La vieille femme qu’elle avait aperçue chez Cassandra était devant la maison recouverte de lierre. Elle était facilement reconnaissable par ses sourcils énormes. Et elle tenait des couteaux deux fois plus gros que ceux de cuisine, très bien aiguisés (à préciser) dans ses mains.

(Allons bon, c’est la troisième fois que je passe devant cette maison), pensa Elenos, sans qu’elle eut remarqué les armes que la vieille femme tenait dans ses mains.

Ce n’est qu’après qu’Elenos remarqua avec horreur qu’elle n’avait plus son écharpe. Ça ne servait à rien de le nier, mais si elle affirmait son identité, elle risquait de se faire déchiqueter de tout partout. Elenos tenta le tout pour le tout :

« Euh… je… »

- La vieille ! Vite, on se casse ! fit Flanbürgh, très long à la détente.

Il attrapa avec ses petites mains potelées les bras d’Elenos et l’entraîna dans sa course. Un couteau vola et atterrit aux pieds d’Elenos, l’évitant de peu. Il s’averra que la vieille avait plus de couteaux que prévu et qu’ils volaient dans tous les sens. Elenos évitait avec agilité, sautant, se baissant et chopant plusieurs couteaux dans sa course qu’elle envoyèrent valser sur les échoppes, faisant tomber des planches de bois et ralentissait la vieille.

- Pff… elle court vite pour une p’tite vieille, annonça Flanbürgh, en évitant un couteau d’a peu près sa taille.

« Tu peux parler… »

Ils traversèrent la ville à une vitesse alarmante, faisant son tour plusieurs fois, et durent attendre de rentrer dans une trappe sur le sol dans la maison d’un habitant pour qu’elle les laisse tranquille. Il faisait noir et il régnait une odeur nauséabonde. Flanbürgh le nota :

- Pouah ! Ça chlingue ici !

Après s’être assurés qu’ils n’avaient plus de poursuivant, Elenos et Flanbürgh sortirent, soulevant la trappe avec précautions, faisant le moins de bruits possible. Ils sortirent de la maison par là où ils étaient entrés : la fenêtre. Ils regagnèrent le cœur de la ville, essoufflés. Personne n’avait été perturbé par l’agitation, une vieille femme armée de couteaux géants poursuivant une elfe et un lutin, c’était bien étrange pourtant.

(Hum…, un sort d’illusion peut être), songea Elenos.

Ils passèrent devant plusieurs échoppes, des gens en réparaient quelques unes (celles qu’Elenos et Flanbürgh avaient malencontreusement détruites) et d’autres continuaient de vendre leurs produits, en hurlant comme des poissonniers. D’ailleurs, quelques uns étaient des poissonniers, d’autres du vin, des fruits, de la viande et des céréales, d’autres vendaient des tapis, des toges et robes, des perles, des bijoux et autres encore…
Une heure plus tard, Elenos avait acheté une robe bleue, un bracelet et une bague sur laquelle était incrusté le forme d’un loup. Elle avait acheté la bague principalement pour ça, pensant qu’elle avait appartenue à sa famille, le loup étant leur emblème.
Ils commençaient à être fatigués, et le soleil pointait haut dans le ciel. Dans la partie de la ville où ils étaient, il n’y avait pas moyen de trouver le moindre grain de nourriture, seulement des gens un peu louches qui exhibaient leurs bijoux.

- J’ai faiiiim…, firent Elenos et Flanbürgh d’une même voix.

- Je n’ai pas de nourriture sur mon stand, mais assez dans mon arrière boutique si vous voulez bien me suivre gente demoiselle…

« Dégage de là, t’es lourd, » fit Elenos.

Il faut dire que quand elle a faim, elle est de mauvaise humeur. Le marchant se tut, sidéré, et les affamés continuèrent leur route.
Ce n’est que vingt minutes plus tard qu’Elenos eut une brillante idée : elle se transforma en louve, faisant tout d’abord apparaître ses oreilles. Une fois louve, elle renifla l’air. Flanbürgh monta sur son dos juste à temps avant qu’elle commence sa course effrénée vers la nourriture. Une minute plus tard, ils arrivèrent devant un stand de fruits. Il était remplit de raisin, de fruits secs, de pommes et autres.

- Des fruits ! Se lamenta Flanbürgh, alors qu’Elenos reprenait son apparence. T’aurais pu trouver autre chose que des FRUITS !

« Si ça te plaît pas, tant pis pour toi. T’as qu’a mourir de faim, je t’entendrais plus râler. »

- Ha, ha, je… rigolais ! Tu vas pas laisser tomber un vieux pote hein ?

Elenos acheta quasiment toute l’échoppe et ils dégustèrent tout en reprenant le chemin de la maison de Cassandra, s’attendant à avoir un savon légendaire de la part de l’honorable centaure.

Quand Cassandra remarqua l’absence d’Elenos, vraiment peu de temps après sa « fugue », le centaure crut qu’elle allait devenir folle.
Elle laissa en plan toutes ses activités, ne pris même pas la peine de refermer la porte de la cabane, et elle s’élança dans le village. Elle bouscula sans remords les pauvres passants, les faisant parfois carrément tomber par terre, percutait des charrues et sautait par-dessus certains convois qui gênaient la route. Les gens s’enfuyaient, effrayés à l’approche de la folle centaure, la voyant tellement pressée.
Cassandra essaya de se remémorer mentalement tous les endroits du hameau où une elfe, aussi bête et bornée fut t’elle, aurait intérêt à se rendre. Elle poussa un grognement agacé et accéléra.
Il fallait qu’elle la retrouve !

* Cette pauvre sotte ne sais même pas ce qu’il se passe ici, pensa t’elle enragée. Si elle reste trop longtemps dehors, les risques qu’elle attrape la maladie seront élevés !*

Elle prit soudain une ruelle à droite et galopa encore plus vite .D’autres gens s’écartèrent rapidement sur son passage. Une fois arrivée au bout de la ruelle, elle continua sa course dans la nouvelle allée laissant des regards pleins d’espoir de gauche à droite.
Soudain, Cassandra percuta violemment quelqu’un –ou quelque chose- et elle faillit tomber par terre, emportée par son élan. Elle entendit un « aïe » sonore et énervé.
Elle se dépêcha de se relever, pour présenter ses excuses à la personne qu’elle avait heurtée, pour mieux reprendre ensuite sa course. Mais ses pattes étaient emmêlées entre elles. Elle poussa un long soupir et s’empressa de les démêler, balbutiant de vague excuses à l’autre personne, qui se remettait sûrement du choc.
Mais quelles ne furent pas sa surprise – et sa colère- lorsqu’elle vit l’elfe devant elle balbutai et gémir lamentablement, pleine de poussière, son écharpe a moitié défaite, le postérieur assis sur le détestable lutin, qui hurlait à s’en fendre la gorge.
Cassandra poussa un grognement sonore, ce qui fit un peu reculer les passants attroupés autour d’eux, ameutés par le bruit, et se leva avec froideur.
Elle contempla d’un air courroucé et glacial le visage d’Elenos (qui n’avait même pas vue à qui elle avait à faire).
Elle l’attrapa par la peau du coup, ce qui eut pour effet de ramener l’elfe à la cruelle réalité et la soulevant légèrement du sol, la balança sur sa croupe. Elle entendit le minuscule lutin protester, et elle eut soudain le violent désir de l’écraser sous ses sabots. Mais elle se contrôla, et au lieu de succomber à des mœurs violentes, elle appliqua le même traitement au farfadet, qui se débattit un peu plus que sa maie fugueuse. Une fois tout le monde, bien calé sur son arrière train, Cassandra s’élança vers sa cabane, sous les regards étonnés et inquiets des villageois.

Une fois rentrés, ils reçurent un savon immensément énorme. Elenos n’avait jamais vu le centaure dans un tel état de furie, même si elle ne la connaissait pas tellement à vrai dire. Flanbürgh avait lancé un flot d’injures particulièrement grossières et étonnamment bruyantes de la part d’un si petit être, qui faisait à peut près la moitié de la taille d’une de ses nombreuses bouteilles de vin, qui lui avaient coûté un coup de sabot dans le derrière. Elenos n’avait rien dit, trop prudente. Encore, si il n’y avait eu que Cassandra qui les avait réprimandés. Doz, elle aussi, avait attaqué Flanbürgh à coup de griffes, qui ce dernier ressemblait plus à un steak de lutin. Elle les avait très bien punis : interdiction de sortir sans elle, ce qui avait amené Flanbürgh à dire :

- Pff… pourquoi cette rabat-joie vient avec nous… c’est une peau de vache quand même…

Et ce, qui avait déclanché la fureur de la panthère.
A présent, ils étaient tous les deux cloués au lit, allongés l’une dans le grand lit et l’autre dans une boîte en carton. Cassandra était partie, après les avoir laissés abasourdis par ses propos –elle leur avait raconté un passage d’une loi ou d’un édit, ou les deux, particulièrement long- et était partie faire une « course », à ce qu’elle leur avait dit.
Flanbürgh engagea la conversation :

- Dis, tu te souviens de ce qui c’est passé ?

« Non…, répondit Elenos, c’est flou… »

- Ouais, ça fait peur, continua le lutin, je préfère ne pas m’en souvenir…

Elenos acquiesça d’un signe de tête. La fureur du centaure et de Doz… brrr, elle en avait froid dans le dos. Elle regarda par la fenêtre à côté de son lit le village, espérant apercevoir la forme de Cassandra revenir. Elle voulait des explications. Maintenant, Elenos se souvenait nettement que le centaure avait laissé échappé le mot maladie.
Le ciel déclinait. Il devenait au fur et à mesure noir au fil que le soleil disparaissait derrière la masse sombre de la forêt. La lune apparaissait petit à petit, accompagnée des étoiles. Le village était toujours aussi calme que dans l’après midi, excepté que les habitants regagnaient leurs maisons. Personne ne s’était approché de la forêt durant le temps qu’Elenos était enfermée, elle avait vérifié.
Soudain, un bruit se fit entendre. Elenos déclara :

« Avoue Flan, tu as faim… »

- Ouais, répondit-il pour la deuxième fois. Mais, cette fois-ci, sois gentille, fait apparaître autre chose que des FRUITS !

« Je ne t’ai jamais dit que tu devis les manger…, et je ne suis pas magicienne ! Je vais pas lancer un abracadabra et un plat de nouilles arrive ! »

- Non mais t’es stupide ou quoi ?

Doz grogna et Elenos rougit : bien sur qu’elle était magicienne ! Cette dernière se leva et s’approcha de la table, au centre de la pièce. Sur une chaise redisait son sac. Elle le prit et en sortit un livre intitulé : Mille sorts pour magiciens confirmés.
Flanbürgh sourit. De là où il était, il pouvait voir la scène par un des trous de son carton. Ce livre avait appartenu à Néose, et il avait déjà vu cette dernière à l’œuvre des centaines de fois. En moins de temps qu’il n’en faut, ils allaient manger ! Le lutin voyait le visage d’Elenos concentré, tournant page après page. Pendant des heures. Pendant des heures, les yeux de Flanbürgh ne quittaient pas le livre, même si ils étaient vides et le lutin à moitié endormi et affamé. Il finit par s’écrier, avec le peu de voix qui lui restait :

- Non mais ça vient oui ?

Elenos se retourna et dit :

« Oh ! Excuse moi Flan ! J’étais tellement absorbée ! En fait, non, il n’y a aucun sort pour créer de la nourriture. Désolée… »

Flanbürgh poussa une plainte vraiment bizarre et limite effrayante. Alors Elenos, après avoir posé le livre sur la table et bouché ses oreilles meurtries, annonça :

« Mais il y a un sort pour transformer la matière si tu veux… »

- Ok ! On essaye ! fit Flanbürgh, à présent beaucoup mieux.

*C’était du pipo son truc… a-t-on déjà vu un lutin pleurer ?*

Elenos rouvrit le livre après cette sombre pensée et regarda le sort :





Elenos la relut plusieurs fois pour être sure d’avoir tout compris, et dit :

« Il faut quelque chose qui à la même valeur que ce que l’on veut. On veut de la nourriture non ? Il faut une grandeur pour être surs… »

- Trois, répondit Flanbürgh.

« Trois quoi ? », demanda Elenos.

- Tonnes ! fit-il, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

Elenos le regarda deux secondes, perplexe et fit :

« Ouais ok, on baissera un peu après quand même. Maintenant, voyons ce qui a la même valeur que de la nourriture… »

- Nourriture ? Proposa le lutin.

« C’est ce qu’on veut crétin ! Lança Elenos. As-tu une idée Doz ? »

- On a la possibilité avec des cadavres ?

« Oui, c’est écrit ! Mais… »

- On utilise l’autre bouffon alors, dit la panthère.

Elenos n’approuva pas, bien qu’elle en mourrait d’envie. Par chance, Flanbürgh n’entendit pas les propos de la panthère, car sinon, il aurait récité pour une énième fois les droits des lutins par rapport aux autres êtres vivants. Elenos regarda autour d’elle, pour une idée. Elle voyait des fioles, des parchemins et des plumes, des livres, des potions et des herbes, sur une étagère. Si ils touchaient à quoi que ce soit appartenant à Cassandra, ils étaient surs de finir en charpie, excepté la chouette qui dormait encore profondément.
Elenos, regardant les herbes dit :

« Les herbes d’après vous, on peut ? »

- ça dépend… il faudrait qu’il y en ait un grand stock et on ne peux pas toucher à celles-là, on ne connaît pas leurs propriétés…, commenta Doz.

- Mais n’importe quoi ! La coupa le lutin. Bien sur qu’on peut ! L’autre canasson là, il voudrait pas qu’on meure non ? On est ses patients ? Alors il faut manger !

Elenos le regarda une seconde fois, la même expression de son visage que lorsque le lutin avait sortit l’énormité qu’il arriverait à manger trois tonnes de nourriture. D’alcool, il n’y avait pas à dit, il y arriverait sûrement, mais pour la nourriture…
La jeune magicienne songea un instant à aller dehors pour cueillir de l’herbe ou prendre des galets, mais le centaure avait pensé à tout : elle avait condamné les entrées et surtouts, les sorties, principalement les petits trous et fissures dans le mur, ce qui avait rendu le lutin dans une colère rouge (il n’arrivait pas à avoir une colère noire, ce sont les effets de l’alcool). Elenos, après avoir entendu son ventre gronder encore une fois, s’approcha des étagères et pris le bocal d’herbes. Il y en avait plus qu’il n’en paraissait. En effet, après avoir dévissé le pot, lorsqu’elle déversa son contenu sur la table, elle fut étonnée par le flot d’herbes qui été tombé. Doz n’avait eu qu’un regard approbateur et Flanbürgh, quand à lui, avait poussé un véritable hurlement de joie.
Ensuite, Elenos fouilla dans son sac à la recherche d’un craie ou d’un bout de bois, de manière à en brûler l’extrémité pour qu’il puisse marquer, qu’elle finie par trouver. La craie entre ses doigts, Elenos dessina sur la table, à côté de l’herbe, un pentacle. Après que son dessin fut achevé, elle lança un sort de lévitation pour ne pas abîmer le dessin, et déposa l’herbe dessus. Elle demanda, avant de commencer :

« C’est quoi le menu ? »

- Viande saignante, fit Doz.

- Noix de Garronée, fit le lutin.

« Mouais… »

*La chouette chassera à son réveil je présume…, mais je vais quand même lui donner de la viande*, songea Elenos.

Et elle se mit au travail. Elle répéta la formule 5 fois, comme écrit dans le livre de Néose, et attendit. L’herbe devint peu à peu bleutée, brillant dans le noir de la nuit après avoir éteint les chandelles et bougies qui éclairaient la pièce de leur maigre halots, pour se transformer en nourriture, secondes après secondes. Ce furent d’abord les fruits et les noix, qui apparurent, allez savoir pourquoi, mais de l’écorce vint, quelques tonneaux de boissons diverses se montrèrent, faisant miroiter leurs belles couleurs à l’éclat de la flamme bleue, et virent en dernier les viandes diverses.
Flanbürgh n’attendit même pas que le sort fût fini pour se jeter sur ses noix, et Doz sur sa viande, avant que sa maîtresse ne se rappelle qu’elle était en plein régime végétarien. Elenos, elle, finit de jeter son sort et attendit que toute la nourriture voulue apparaisse avant de sauter dessus. Elle croqua à pleines dents plusieurs fruits, dont principalement du raisin et des pommes, tandis que Doz se cachait un peu, mangeant discrètement une sorte de bouillie de viande un peu verte.
Soudain, un nouvel hurlement de la part de Flanbürgh retentit. Il était devenu tout blanc et regardait avec horreur le steak de Doz. Il fallut une vingtaines de minutes pour le calmer et lui assurer que c’était un steak végétarien (vous y croyez vous ?) et non un steak de lutin.
Une heure plus tard ils avaient tout finit, la chouette s’était réveillée et était partie à la chasse, et la porte était en train de sortir de ses gongs. Cassandra arriva, le visage étonnement pale et les regarda étrangement, un peu comme de la peur.

*Elle a dut être alerté par la lumière*, pensa Elenos.

Elle ne s’attendait absolument pas à entendre la voix du centaure, effrayée dire :

- Qu’est ce que vous avez fait ?

En fait si, un peu.

Cassandra se précipita vers le trio, l’air affolée et totalement désemparée.
- Oh non ! Ce n’est pas vrai, que ce que vous avez fait … gémit ‘elle.
Elle regarda alternativement les délinquants et le pot d’herbes vide, comme cherchant encore un espoir.
- Ils vont vous massacrer … Pire ! Vous exterminer …
- Hein ?
- Les villageois … soupira t’elle.
Le groupe échangea un regard étonné : ils se seraient plus attendu à des représailles ou une grosse colère de Cassandra.
La centaure sentit leur désarroi. Elle se rendit compte qu’ils voulaient certainement des explications, ne comprenant sûrement rien à ce qu’il se passait, depuis qu’ils étaient ici.
- Je vais vous expliquez. Vous devez être au courant après tout … ( Ils haussèrent les sourcils, ne comprenant surement rien ) Quelle sotte. Je crois bien que je ne vous faisais pas trop confiance … Je suis désolée...
Ils ne répondirent rien, abasourdis.
Elle les fixa longuement de son regard triste et murmura :
- Ce village est touché par une puissante, mais mystérieuse et je suis prête à pariez qu’elle est magique, maladie.
Silence total.

« Quand je passais dans la région, à la recherche de mes anciens maîtres, j’ai tout de suite ressentie la maladie. Les guérisseurs ont un don pour ça, enfin, au moins, c’est le cas avec les centaures. J’ai évité au mieux les habitations et les humais, et j’ai pénétré dans la forêt. On pouvait sentir que l’endroit était chargé de magie, et cette atmosphère me convenait parfaitement. Je décidais donc de remplir mon stock d’herbes, au cas où.
Soudain, j’entendis des gémissements. Je suis allée voir, et j’ai vu une jeune fille étendue par terre, le teint jaune, la respiration rauque, et le corps pris de convulsions. J’ai hésité, comme pour vous, à l’aider. J’avais des doutes sur sa maladie, et un guérisseur contaminé est un guérisseur inutile. Mais les animaux ne semblaient pas avoir les mêmes symptômes qu’elle, ils étaient d’ailleurs en pleine forme, et je décidais de la mener à un village, un peu forcée.

« Une fois arrivée au village, j’ai pu constater que la fille n’était pas la seule contaminée. En fait, presque tout le monde, en particulier les enfants et les vieillards, mais aussi des hommes forts et dans la fleur de l’âge, était en train de mourir.
Franchement ce n’était pas très joli-joli. Mais je ne pouvais rien faire, et de toute façon, je ne voulais rien faire. J’ai confié la fille à la famille. Aujourd’hui, elle est morte…
J’étais prête à laisser tous ces humains périr, et à retraverser la forêt. Ils m’ont supplié, voyant que j’étais instruite en matière de médecine, j’ai refusé.
De toute façon, j’avais bien trop peu d’herbes sur moi. Mais ils m’ont retenus, et m’on révélés avec désespoir savoir des choses à propos de deux centaures qui serraient passés dans leur village, comme si cela pouvait m’intéresser. Ils ont dits que l’un d’entre eux s’appelait « Chiron » et qu’ils disaient aller quelque part.
J’ai insistée, désireuse de savoir si j’avais enfin retrouver leurs traces, mais ils ont refusés à leur tour, narquois, et on dit que si je voulais un renseignement, je devais leur rendre service. J’ai très vite compris où ils voulaient en venir …

« Et voilà que je me retrouve embarquée dans une histoire qui ne me regarde absolument pas … Mais où je pourrais un petit peu tiré profit, si toutefois je réussis à éradiquer la maladie. C’est leur condition…
Elle s’arrêta enfin et fixa les fautifs.
- Ces herbes étaient sensés aider les villageois… expliqua t'elle. Vous comprenez mon désarois à présent ...
- Sensé ? Comment ça « sensé » ? Intervint Flanbürgh, pour la première fois.
- Je leur ais menti, dit elle d’un ton neutre. Aucune plante ne peut les aider. Cette maladie n’est pas naturelle. J’essayais de gagner du temps, en attente de trouver une solution. Mais maintenant … Nous sommes tous les trois dans le pétrin… Surtout vous …
Les protagonistes baissèrent la tête, gênés, et honteux. Cassandra eut un petit sourire. Dans le fond , tout n'était pas perdu ... Mais il faudrait dés lors se serrer les coudes ...
Elle reprit cette fois d’un ton plus joyeux.
- Accepteriez vous de devenir mes assistants ?

Elenos s’apprêta à répondre, mais elle se fit -encore et toujours- couper par Flanbürgh, qui dit, ayant oublié la puissance des sabots du centaure :
- Non mais tu rêves ! Moi, travailler pour un canasson ? Jamais !
Comme de juste, une marque de sabot était à présent remarquable sur le torse du petit être. Elenos choisit une méthode un peu plus simple, accepter. Doz retourna se coucher, fatiguée par toute cette agitation. Elle trouvait Cassandra très sympathique, mais elle n’avait pas beaucoup discuté avec elle –un félin parler avec un en-cas ? Non merci-. Avec l’aide de ses nouveaux assistants (Flanbürgh entraîné de force), Cassandra commença à nettoyer son logis. Il fallait remettre telle ou telle brin d’herbe dans tel ou tel pot, chaque grains de poussière dans chacun de ces boîtes. Chaque flacon devait retrouver sa place, et Elenos dut même déloger une colonie d’araignées d’un placard. Ils enlevèrent aussi les quelques centimètres de poussières accumulés on ne sait comment. A chaque fois qu’un ingrédient retrouvait sa place, la guérisseuse en expliquait les fonctions, son origine.
- Comment tu veux que l’on s’y retrouve avec toutes ces feuilles ? Se lamenta Elenos.
- T’as qu’a mettre des étiquettes, conseilla Flanbürgh avec un sourire narquois.
- Cassandra, tu as du papier et de l’encre ? Demanda la magicienne.
Une fois le centaure revenu avec, Elenos prit le soin d’apposer son écriture –qui soit dit en passant, est magnifique- sur chacun des flacon. Elle les rangea à nouveau et demanda à la guérisseuse :
- On à rangé ta…, commença-t-elle.
- Piaule, finit Flanbürgh.
- Logis, caverne, maison ? Proposa Elenos.
- Maison me va, dit Cassandra.
- Bien, on a rangé ta maison, alors maintenant, c’est quoi la prochaine étape ?

Cassandra sourit. Elle s’attendait à cette question :
- D’abord on va chercher dans la forêt les herbes que vous m’avez « empruntez ».
Elenos rougit.
- Mais, continua t’elle, la priorité est de retrouver l’auteur de cette épidémie. Je vous l’ais déjà préciser, elle n’est pas naturelle. J’espère au moins que vous avez quelques notions de magie ou encore de combat.
Ses assistants haussèrent de sourcils.
- En effet, ajouta t’elle un peu honteuse, ma magie ne sert qu’a soigner et éventuellement ramener des corps à la vie. Et mon ancien maître, Pholos, m’as avoué que j’étais la plus mauvaise et pitoyable élève qu’il n’ait vu de sa carrière en combat.
« Mais si on considère le niveau des humains comparé au niveau des elfes et des centaures … Je pense pouvoir me débrouiller.
Elle s’attendait à ce que Flanbürgh se moque d’elle, il lui devait bien ça, mais elle fut surprise de son silence. Elenos aussi restait muette. Ils semblaient soucieux.
Elle enchaîna :
- Nous commencerons les recherches dans la forêt. Il y a une forte aura de magie là-bas et …
- La forêt où tu m’as trouvée ? L’interrompit soudain Elenos.
- Oui. Donc nous commencerons là-bas. Des objections ?
Silence. Ils étaient d’accord.
Satisfaite, Cassandra attrapa le sac posé sur la table, rempli de plein de choses indispensables, et saisi d’une main experte un arc posé prés de la porte. Elle en sorti comme par magie un autre, posé à coté, caché dans l’ombre. Cet arc était un peu plus court que le sien, mais beaucoup plus beau et stylisé. Elle le tendit à Elenos avec un sourire. Elle le prit avec surprise, et hésitante.
- Je l’ai acheté à un elfe il y a longtemps, expliqua t’elle. Je ne peux pas le manier, il est trop court, et ma force le briserait quand je voudrais le tendre. Pourtant, je l’avais vraiment acheté à un bon prix …
Elenos ne sut comment la remercier d’un présent si précieux, et se contenta de lui murmurer un vague merci gêné. Cassandra eut un autre de ses sourires, et elle considéra Doz et le nain vert et leur dit :
- Je n’ai rien pur vous, désolée…
- Pff, n’importe quoi. Je n’ai besoin de rien moi, je suis fort, je suis rusé, je suis intelligent ! Tes petits cadeaux me ne serviraient à rien. Et puis, je n’ai rien à recevoir d’un canasson …
Cassandra n’eut guère le temps de lui botter le derrière, et sortit de la maison, dont elle referma la porte avec prudence, et suivit de ses assistants, ils se mirent en route pour la forêt.

(J'adore^^)

Elenos avait revêtit une grande cape parme à capuche, pour éviter de se faire remarquer après le chambardement qu’elle avait causé au village. Doz marchait au même niveau que sa maîtresse, embêtée par le lutin qui, assis entre ses deux oreilles, chantonnait des chansons courtes tirées d’un joli recueil de poèmes : «nos amis des bois ». Le centaure ouvrait la marche, son ombre confondue avec celle de l’oiseau, bien haut dans les cieux. Le petit groupe avançait lentement, évitant les passages à foule. Même si les habitants étaient retournés chez eux pour le déjeuner, il restait encore beaucoup de monde.
Le soleil déclinait vers l’Ouest, les nuages presque invisibles flottaient dans le ciel gris perle. Elenos trouvait le ciel étrange. Un ciel gris devait refléter des nuages noirs, avant que ceux-ci ne fassent parvenir la pluie. Mais, bien au contraire, la chaleur persistait. La jeune fille, après s’être assurée d’avoir le champ libre pour parler, annonça :

- Nous aurions plutôt dût attendre la nuit pour aller dans la forêt non ? C’est là où il y a le moins de monde je crois ? Dit-elle, les souri cils froncés.

- Non, les hommes se seraient sûrement attendus à une fuite nocturne ou…, à je ne sais quoi ! Mais, si tu tenais absolument, la panthère insista bien sur ce mot, à aller dans la forêt la nuit, ça ne me poserait pas tellement de problème…

- Non mais ça va pas ! T’iras tout seule ! La nuit, je dors moi ! Et aussi…, cria le lutin.

- Et le jour, tu manges, ça va, on connaît depuis le temps, compléta Elenos.

- Tais toi nabot, siffla la panthère, sauf si tu veux que l’on nous repère…, si cela arrive, je pourrais devenir une vraie menace pour toi, fit-elle en montrant des crocs.

- Très drôle ! Ricana le lutin, comme si tu pouvais me manger, tu es végétarienne !

- Tiens, justement à ce sujet, j’ai reçu une lettre…, permettez, poursuivit-elle, en se dirigeant vers le centaure.

Elle prit un bout de papier qui dépassait d’une des nombreuses poches du sac, pour la passer à Elenos, légèrement baveuse. La jeune fille la déplier, sous le regard perçant du centaure.





.

Amicalement,



PS : Mon cher Flanbürgh, ne sois pas trop déçu, mais je crois que tu vas finir en rôti se soir, amicalement.



Elenos relu : la mère de la mère de ta mère…, elle ne savait pas que Néose n’employait pas le mot « grand-mère », mais sachant qu'elle était un peu spéciale, cela n'étonnait guère. Elle soupira, puis nota les choses qu’elle ne comprenait pas, tandis que le lutin commençait à s’agiter, palier, se pétrifier et tomber raide mort par terre. Evitant de lui marcher dessus, Elenos demanda au totem :

- C’est quoi la punition « devenir végétarienne pendant 5 ans, on sait, ça soule » ?

- Hum…, c’est justement ce que l’on m’a infligé ! Répondit la panthère en faisant la moue.

- Dites le moi si je vous dérange ! Quand je fais le mort, j’aimerais bien que l’on me pleure ! Râla une nouvelle fois Flanbürgh, se relevant un peu.

- Tu disais ? Demanda Doz, les yeux pétillant d’appétit.

Lorsque le lutin refit le mort, elles se turent. Le petit groupe était arrivé à l’orée de la forêt. Elenos passa une main sur son dos, pour s’assurer que le présent du centaure était près à servir. Elle respira un grand coup pour s’enfoncer dans la forêt.

Ils pénétrèrent enfin dans la petite forêt. Il faisait clair, le soleil filtrait sans problème entre les arbres, et plutôt bon ; ce qui rendait cette expédition aussi agréable qu’une innocente balade digestive. Cette forêt n’avait vraiment rien de très menaçant. Tandis qu’ils avançaient prudemment ; à l’affût du moindre son ou mouvement ; les bruits de la forêt retentissaient joyeusement à leurs oreilles ; le chant des oiseaux, et autres bruits d’animaux, et mélodie du vent dans les feuilles. Cassandra se souvenait de l’étrange clairière aux cinq grands sapins qu’elle avait visitée il y avait quelques jours, alors qu’elle cherchait des champignons. L’air était chargé de magie là-bas, et commencer par là lui semblait le meilleur choix possible.
Ils marchèrent comme ça pendant quelques minutes silencieuses, ou même Flanbürgh n’osa pas se plaindre, pour enfin atteindre la dite clairière. Les cinq sapins étaient toujours là, imposants, et l’endroit rempli de magie. Cassandra se rappela subitement qu’elle devait aussi aller ramasser des plantes pour soi disant soigner les villageois.
« Je le ferais au retour pensa t’elle en se dirigeant vers la grande clairière, insistant ses assistants d’un geste de la main pour qu’ils la suive. »
Ils jetèrent tous un regard méfiant à la clairière, vérifiant bêtement si quelqu’un ne les attendaient pas pour les attaquer.
Puis Cassandra déclara, voyant que personne n’était là pour les accueillir :
- On n’a qu’à se séparer. Si quelqu’un trouve quelque chose, qu’il hurle.
- Pff, râla le lutin ; je suis obligé moi aussi ? Je suis sûr que même si je hurlais du mieux que je le pouvais, jamais tes grands oreilles de poney de pourrait entendre mes hurlements …
- Silence petit homme, répliqua Cassandra. Tu chercheras comme tout le monde, espèce de tire au flanc !
Et elle s’éloigna de son coté en trottinant, la main crispée que son arc.

Au final, ils constituèrent des équipes. Le lutin ne voulait pas être seul, mais quelqu’un de fort et une bonne puissance de voix, pour appeler les autres en cas de problème. Cassandra voulait être seule, sa fierté de centaure passant avant tout, donc ils ne l’empêchèrent pas de partir de son côté. Et Elenos s’en fichait, mais avec quelqu’un de préférence, excepté Flanbürgh.
Les quatre restants durent tirer à la courte paille. Flanbürgh se retrouva avec Doz et Elenos avec la chouette. Après quelques jurons du lutin et des rugissements de Dozilla, ils se mirant en route chacun de leur côté. La chouette s’éleva dans les airs pour avoir une meilleure vue, mais planait quand même au dessus d’Elenos. La jeune fille, avant de partir cria à Cassandra :
- On se retrouva ici, dans trois heures si on ne trouve rien !
Le centaure leva sa main en guise d’approbation. Elenos se prépara à l’attaque en prenant trois lames glissées dans sa ceinture, qu’elle disposa entre chacun de ses doigts de sa main gauche sauf au pouce, et partit.

La jeune fille écoutait toutes les informations que lui fournissait la chouette. Ils étaient très utiles et lui permet d’éviter de nombreux dangers. Une fois, elle avait faillit se faire prendre dans le piège d’un préposé braconner, mais le contourna de justesse et le détruit par la suite. Il y avait aussi d’autres broutilles, tels que des ronces, des orties ou quelques bêtes venimeuses.
Plus elles avançaient, plus il faisait noir. Les arbres devenaient plus épais, leur feuillage plus touffu, et le soleil avait du mal à passer. Il y avait juste quelques coins illuminés de rayons, autrement, le noir presque total. Elenos était sur ses gardes. Elle entendait les cris des bêtes, pas rassurants. Il y avait comme un bruit de succion qui la suivait. Elle nota que, à chaque fois qu’elle se retournait, rien. Elle finit par remarque que c’était ses propres bottes prises dans la gadoue. La marche devenait de plus en plus difficile. Elle devait lever bien haut les pieds pour pouvoir continuer d’avancer dans la mare de boue.
AAAAH !
Elenos venait de hurler, mais pas aussi fort pour ameuter tout le voisinage. Elle était tombée dans une grosse flaque et s’enfonçait. Ses jambes étaient englouties et seuls ses bras restaient à la surface, ainsi que sa tête.
- Tu peux descendre s’il te plaît ? Je coule !
Elle parlait à la chouette qui, malheureusement, ne l’entendait pas. Elle maintenait ses bras à la verticale pour ne pas couler. La boue lui arrivait jusqu’au menton.
- Ah non ! Pas les cheveux ! Ne put-elle s’empêcher de dire.
Elle eut soudain une idée. Peut être pas excellente, mais c’était tout de même un espoir. Elle se concentra. Son nez s’allongea, pour former un museau, ses oreilles se dressèrent sur sa tête après être devenues plus pointues. La couleur de ses yeux devint ambrée, ses ongles se transformèrent en griffes et ses mains en battes. Des touffes de fourrure apparaissaient au fil des secondes. Elle était devenue loup ! Ou louve, dans le contexte.
Elle poussa un hurlement, une complainte qui pouvait déchirer l’atmosphère. La chouette rappliqua illico, et attrapa de ses serres les mains d’Elenos, qui avaient encore changé de forme. Elenos monta sur son dos après être redevenue humaine.
Ils entendirent un autre cri. Plus petit, mais Elenos le perçut, car elle avait gardé ses oreilles de loup, à l’affût d’un moindre bruit. Elle retrouva, quelques instants plus tard Flanbürgh caché sous une feuille et gémissant à qui veut que Doz avait essayé de le manger.
- Crétin, murmura Cassandra, qui avait été attirée par le cri.

- Quoi crétin ? s’exclama le minuscule lutin en sortant de sa cachette. Ca veut dire quoi ça crétin hein ?
- Je dis crétin à vous quatre, soupira Cassandra, complètement épuisée.
Elle s’accroupit à terre et regarda si il n’y avait pas de traces de pas suspectes, ignorant les quatre abrutis. Bizarre…
Elle se releva et les foudroya du regard :
- Comment voulez vous coincez qui que ce soit si vous faites les zouaves ? Elenos, que ce qui t’a pris de pousser un tel hurlement ? Pour l’effet de surprise, on repassera ! Et toi Flanbürgh ! Ce n’est guère mieux ! Ce n’est pas comme ça qu’on pourra capturer ce mage et sortir de ce pétrin avec de précieuses informations !
Personne ne dit rien, trop honteux. Seul le petit Flanbürgh trouva quelque chose à redire :
- Et moi alors, hein ? Dozilla a failli me dévorer, j’ai bien le droit d’hurler, et je refuse de rester une minute de plus avec cette psychopathe !Dozilla eut un regard indigné et montra les crocs.
- Tais toi à la fin ! Je ne veut même pas savoir ce qu'il s'est passé S’énerva la centaure. De toute façon, on reste ensemble maintenant. Notre gentil mage a dut nous entendre, il pourrait nous attaquer séparément maintenant.
Et après avoir pris la direction du petit groupe qui s’était remis sur ses pieds, Cassandra se redirigea vers la clairière aux cinq sapins. Il semblait qu’elle avait une piste. Elle murmura à Elenos sur le chemin de bander son arc et elle-même fit la même chose. Tous le monde avait compris le message et se tenait prés à une éventuelle attaque, Flanburgh ses minuscules petits pings en garde, Dozilla les crocs dévoilés, la chouette ses serres bien en évidence. Ils arrivèrent enfin en silence à la clairière. Bien sûr, il n’y avait rien. Mais des traces de pas par terre montrait que cet endroit était désert depuis pas si longtemps que ça. Cassandra baissa son arc, rassurée, mais sur le qui-vive. Cette… « chose » devait être encore ans le coin. Peut être même qu’elle les épiait en ce moment. Ou qu’elle les suivait depuis le début. Prise d’un doute, la centaure lança un regard en arrière. Ce qu’elle vit la remplit encore plus de fureur et de lassitude que les hurlements néfastes de ses « assistants ». Une merveilleuse collection de traces de pas d’Elenos en boue qui formait une merveilleuse piste à suivre pour le premier abruti passant par là. Cassandra poussa un long soupir pour contrôler sa colère débordante, sous le regard curieux d’Elenos et compagnie, mais n’eut guère le loisir de se détendre, un bruit venant des buissons le plus proche se fit entendre…